Quand les artistes et les scientifiques interrogent, par le prisme de l’art, des sciences et de leurs rencontres, les futurs plus ou moins désirables de l’humanité.
Le titre de cette Biennale, nous l’avons emprunté à Philippe Descola, dont les travaux questionnent les différents partages entre la nature et la culture, et plus généralement les relations entre les êtres vivants, humains et non-humains, de cette Terre…
Dans son sillage et celui de philosophes comme Baptiste Morizot, nous devons ouvrir de nouveaux chemins de pensées, de gestes et d’histoires pour cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant et découvrir ces autres savoirs auxquels nous avons tourné le dos.
Les grands imaginaires dystopiques
Nous devons d’abord affronter les mots d’ordre des nouveaux maîtres du monde qui rivalisent de talents pour imaginer des réponses au-delà de l’Humain, et même de la Terre ; ces disciples des GAFAM et d’une révolution numérique qui a transformé notre société, confondent leur bel Eldorado industriel avec notre bien-être, et ils ont construit de grands récits pour nous convaincre que leurs chimères hyper technologiques sont la bonne réponse à nos interrogations.
Pour combattre ces imaginaires dystopiques, des philosophes-sociologues comme Pierre-Antoine Chardel (L’empire du signal) ou Ariel Kyrou (Dans les imaginaires du futur) s’attachent à les décrypter, et nous nous inspirerons de leurs réflexions pour vous proposer un cycle de ciné-débats, clôturé par “Don’t Look Up : déni cosmique” le film d’Adam McKay et une journée d’échanges entre artistes et scientifiques scandée par deux propositions marquantes : une-histoire-qui-tue et une-histoire-vivante, inspirées d’un texte de Ursula K. Le Guin.
En écho à ce prologue, “En lieux et places” l’exposition de Nicolas Rosette propose aux publics une confrontation à la matière, au feu et à la glace ; elle s’adresse à la sensibilité et à l’intelligence des publics en activant une interrogation qui ouvre la porte à la discussion, car les artistes-auteurs de cette composition ne se croient pas porteurs d’un message mais d’un geste sensible qui n’est qu’une mise en œuvre de leur propre interrogation, désarroi et volonté – souvent déroutée – d’agir.
Elle est l’arbre qui invite aux palabres, l’assise du penseur, la chambre d’écho de nos doutes et nos peurs.
Le campement des imaginaires nomades
Devant l’impérieuse nécessité de changer notre regard sur notre environnement, des ingénieurs du Low-tech Lab redécouvrent et partagent la créativité bienveillante de cultures et de civilisations proches et lointaines ; les artistes bâtisseurs d’Organic Orchestra explorent des sources d’inspirations aussi simples et riches que le beatbox ou le papier ; une Coopérative d’architecture œuvre pour la valorisation des lieux et de leurs ressources en proposant des alternatives à l’acte de construire ; des auteurs croisent des scientifiques et s’inspirent du rapport du GIEC pour « donner à voir et à penser les innombrables facettes entre le climat et nos sociétés »…
Ainsi, de nombreuses rencontres ont marqué la préparation de cette Biennale et nous ont permis de construire une dizaine de rendez-vous nomades pour partager un peu d’utopies, à faire fructifier autour de nous.
Hervé Pérard, Délégué Général de Siana
Jean-Christophe Frachet, Président de Siana